1 saison renouvelée.
Des fois, il faut juste être bien placée dans l'alphabet pour être découverte au milieu de milliers de séries.
C'est ainsi que je suis tombée sur Bomb girls (Des femmes et des bombes).
Cette production canadienne est une série clairement historico-féministe (et non hystérico, comme je l'entends déjà de quelques machos de passage, beu non ça n'existe pas
).Bref, ce petit bijou très court, puisque la saison 1 ne compte que 6 épisodes, surprend par son contenu.
Le point de départ : suivre les histoires de plusieurs femmes travaillant dans une usine de fabrication de bombes, au Canada, durant la seconde guerre mondiale.
Bomb girls n'est pas la première série mettant en avant des femmes et principalement elles. On peut citer Sex and the city, Desperate housewives ou encore Army wives. Mais elles ne m'inspirent pas forcément un sentiment d'engagement absolu. C'est trop léger, trop conventionnel ou trop conservateur, même si ce sont d'excellentes séries qui titillaient déjà les ménagères par quelques sujets polémiques ! Bomb girls nous parle de femmes qui en soutenant l’effort de guerre oeuvrent dans l'ombre. Là encore ce n'est plus tout à fait des faits inconnus. Films, téléfilms ont déjà rendu hommage à ces femmes. Mais en série, c'est la première que je vois.
Le ton est loin d'être léger, encore moins caricatural, et ne verse jamais non plus dans le patos. Les personnages sont représentatifs d'une société en pleine mutation. Et le drame n'est jamais loin. Enfin du moins on le comprend très vite. On ne regarde pas une série pop-corn. Des femmes se font scalpées sur la chaîne de production, des hommes (il y en a aussi) meurent durant les essais des bombes fabriquées. Des femmes se font maltraitées, d'autres se rebellent contre leurs origines bourgeoises, certaines s'émancipent, portent le pantalon, d'autres subissent de plein fouet le deuil, la veulerie, l'adultère. Et il y en aura tjs certaines pour rêver : la chanson, le cinéma.. C'est une série d'époque basée sur une psychologie très fine, juste, qui voit poindre à l'horizon la revanche des femmes. Un vent nouveau souffle. La guerre ce n'est pas seulement celle des tranchées, pas seulement celle des hommes, c'est aussi celle des identités, des libertés, des revendications des femmes.
Il est fort dommage que la saison 1 se soit limité à 6 épisodes. C'est très frustrant. Mais si c'est garant d'une pérennité alors tant mieux. La série est reconduite et on a hâte de voir quels chemins vont prendre ces dames.
Les actrices ne sont pas toutes très connues et font surtout partie de la nouvelle génération montante. On notera quand même la présence de Meg Tilly. Moins prolixe que sa soeur, la sulfureuse Jennifer Tilly vue dans Bound, elle dégage un charme incroyable dans son rôle Lorna, la chef de groupe, frustrée par une relation platonique depuis que son mari est revenu de la première guerre mondiale estropié.
Jodi Balfour (est-ce la soeur d'Eric ?) qui a des faux airs de Marie-Louise Parker a encore peu tourné. Elle joue ici le rôle d'une bourgeoise rebelle, Gladys, en prise avec un futur mari déjà infidèle et un père, avec qui elle entretient une relation haineuse.
Charlotte Hegele (Kate)obtient ici son premier vrai rôle, celui d'une femme sous l'emprise d'un père tyrannique, prédicateur, qui s'enfuit de chez elle et change d'identité.
Ali Libert (Betty) a en peu de temps déjà un peu plus tourné que ces collègues. Quelques films, séries, téléfilms. Et soit dit en passant, elle est pas mal aussi en brune (LOL). Son rôle est celui de Betty amoureuse en secret de Kate. Amours contrariées jouées avec finesse.
Et puis on a Anastasia Phillips, elle aussi avec moins de 10 ans de carrière, mais déjà quelques rôles récurrents pour teenagers. Son rôle est très dur et c'est par lui que le pendant dramatique de la série apparaît rapidement. Elle endosse le rôle de Vera, jeune écervelée blonde, qui va finir défigurée lors d'un accident de chaîne. J'avoue d'ailleurs que le contraste entre sa jolie bouille et sa blessure, me crée à chaque fois un malaise.
Cette série sera sûrement un tremplin de valeur pour nombreuses de ces actrices très jeunes.
Notons quand même aussi la présence masculine de Peter Outerbridge, très grand acteur canadien, qui portait avec merveille la série Re-Genesis.
